Le conflit ukrainien rappelle que les enfants représentent une part importante des personnes migrantes. Qu’ils soient accompagnés par leur famille ou non, les moins de 18 ans vivent souvent avec des traumatismes que les spécialistes tentent d’apaiser.

10 h 45. Café, thé, brioche aux pépites de chocolat… La table du petit-déjeuner est prête. Kader, 17 ans, est le premier levé. Le nez dans sa tasse, l’adolescent originaire de Côte d’Ivoire reste mutique. Sauf lorsqu’on lui parle de football :« Lionel Messi est mon joueur préféré. » Et qu’en est-il de Mbappé ? « Je ne l’aime pas trop. » Cet après-midi, Kader a rendez-vous au stade pour jouer avec ses camarades. « J’occupe un peu toutes les positions », dit-il d’une voix timide. Tous ne sont pas des mordus de ballon.

Bouquin sous le bras, Abel prévoit de lire une bonne partie de la journée : « Tous les jours, je lis le même livre. Mon conte préféré, c’est celui du Petit Chaperon rouge. » Pour perfectionner son français, le jeune Ivoirien ne quitte pas son manuel de grammaire. Chaque mot inconnu, il le cherche. Abel dit être en train de « vivre son rêve », en allant à l’école en France. Ici, à la Maison de Sevran, la plupart des habitants sont scolarisés. Quand il ne lit pas, Abel pédale. « Le vélo, c’est la seule façon pour moi de me vider la tête. »

Au total, dix enfants exilés dits « mineurs non accompagnés », arrivés en France sans leurs parents, sont accueillis à la Maison de Sevran en raison d’une vulnérabilité médicale. À quelques encablures, une deuxième infrastructure héberge le même nombre d’adolescents. Né entre 2020 et 2021, le projet est cogéré par les associations Utopia 56 et Médecins sans frontières. « On privilégie les jeunes qui vont présenter une grosse fragilité somatique ou psychique », explique Chloé, responsable d’hébergement pour l’Île-de-France. Deux nouveaux jeunes sont attendus dans la journée.

Les mineurs étrangers ont connu des parcours de vie complexes marqués par des situations de ruptures et de violences. « C’est pourquoi, lorsqu’ils arrivent en France, une partie d’entre eux souffrent de troubles psychiques ; pour la plupart, des syndromes psychotraumatiques et des dépressions », indique le rapport « La santé mentale des mineurs non accompagnés – Effets des ruptures de la violence et de l’exclusion » rédigé par Médecins sans frontières et le Comité pour la santé des exilés (publié en novembre 2021).

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