70 % des Français sont opposés à la réforme selon les sondages. « C’est la proportion inverse sur les plateaux », observe le journaliste Samuel Gontier. Qui note toutefois une évolution, consécutive au succès des mobilisations.

La composition des intervenants sur des chaînes d’info comme BFM ou LCI, et dans les JT de TF1 et France 2, était très caricaturale au début du mouvement. Lorsque Élisabeth Borne présente le projet de réforme des retraites le 10 janvier, c’est une pluie de louanges des éditorialistes politiques et des experts libéraux invités en plateau. La réforme est « bonne », « nécessaire », « sociale », « redistributive », « équitable » avec de « vraies avancées »...

À ce moment-là, la parole des représentants des syndicats est très minoritaire, ensevelie sous les diagnostics d’experts, d’éditorialistes et de présentateurs. Ces derniers propagent l’idée qu’ « il n’y aura pas de mobilisation » et que « les gens sont résignés »… tout en alertant sur le risque d’un mouvement qui pourrait « bloquer le pays ».

Il y a un entre-soi sociologique des intervenants pour parler face caméra de réalités qu’ils ne connaissent pas. On n’entend pas les concernés, celles et ceux ayant les métiers pénibles, les femmes qui ont eu des interruptions de carrières, les ouvriers, les précaires. Le soir du 10 janvier, dans le JT de TF1, un micro-trottoir doit permettre d’évaluer le « sentiment des Français ». Sur 4 personnes interrogées, 4 personnes convaincues. 100 % des gens seraient donc favorables à la réforme des retraites !

La grande majorité du temps d’info sert à dénigrer le mouvement

Malgré le succès des mobilisations, les chaînes TV et rédactions sont marquées par une forte inertie. Au soir du 19 janvier, le JT de TF1 dédie au total 17 minutes à la mobilisation, mais seulement 3 aux manifestations. Tout le reste du temps est consacré aux désagréments, la « galère » des usagers des transports, des services publics, de l’école... Un récent reportage s’est encore terminé sur les paroles d’un passant pour lequel « c’est toujours pénible de prendre les usagers en otage ».

Pour lire la suite, cliquez ICI.