Alors que le mouvement #saccageparis fête ce mardi ses deux ans d’existence, Marie-Caroline Arreto, professeur extraordinaire en droit public à l’ICP, analyse ce mouvement comme une entreprise de démocratie participative inédite. Son originalité ? Être d’initiative citoyenne et se fixer comme objectif de défendre l’intérêt général face à un pouvoir politique minoritaire. Explications. 

La crise de la démocratie représentative appelle le développement de nouvelles formes de mobilisation dans l’espace politique. Pour y remédier, les théories de la démocratie participative et délibérative suggèrent la mise en place de formes de consultation des citoyens par le pouvoir politique. Convention citoyenne, budgets participatifs, consultations en tout genre sont les formes que chaque lecteur aura déjà croisées. Si l’idée d’un renouvellement de la démocratie, tout du moins de formes nouvelles de dialogue entre gouvernants et gouvernés, est au cœur de la réflexion en théorie politique, les formes préconisées par cette dernière supposent une mise en place par les gouvernants eux-mêmes – ou « top down ».

Une mobilisation « bottum up »

Or, il existe des initiatives spontanées au sein de la société civile qui méritent l’attention en raison de leur originalité. C’est le cas du mot-dièse #saccageparis, lancé en mars 2021 par un utilisateur de Twitter @PanamePropre sur ce même réseau. Dans cette mobilisation « bottum up », l’expérimentation s’émancipe de la théorie. Quelques membres très actifs de Twitter partageant les mêmes inquiétudes au sujet de la capitale française, ont réussi à s’unir pour donner naissance à un mouvement citoyen. En s’organisant et en se structurant, ce mouvement se pérennise puisqu’il fête ses deux ans d’existence – le premier tweet de @PanamePropre datant du 21 mars 2021 – et que la mobilisation ne semble pas faiblir.

Une véritable entreprise de démocratie participative

Plus de trois millions de tweets [1], un site internet proposant différents formats pour parler des conséquences des politiques menées par la municipalité [2] et une page Wikipédia plus tard [3], cette expérience démocratique inédite reste un phénomène difficile à saisir. Tantôt perçu comme une opération d’astroturfing pilotée par l’opposition politique [4], tantôt comme une manière conservatrice voire ringarde de voir la ville tout en cédant au « Hidalgo-bashing » [5], le mouvement #saccageparis s’est organisé progressivement autour d’un même combat : surveiller les décisions prises par la municipalité et tenter tant bien que mal de faire entendre sa voix, son avis sur les décisions prises par la Mairie. De notre point de vue, ce mouvement apparaît comme une véritable entreprise de démocratie participative : des citoyens se découvrent partageant un intérêt commun pour « rendre aux Parisiens le Paris qu’ils aiment » [6]. Ils décident alors de se réunir pour faire front, évaluant les conséquences potentielles des annonces de la municipalité.

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