En dix ans, la France n’a fait aucun progrès. Le constat de la Cour des comptes concernant la gestion hexagonale des déchets est sévère : recyclage à la traîne, suivi défaillant, pédagogie insuffisante… Dans un rapport publié le 28 septembre, l’administration dresse un état des lieux cinglant et émet une série de neuf recommandations pour redresser la barre.

Avec plus d’une demi-tonne de déchets [1] par habitant par an (583 kilogrammes), la France se situe au-dessus de la moyenne européenne [2] et n’a pas progressé au cours de la dernière décennie. Pour atteindre son objectif de réduction de 15 % des déchets entre 2010 et 2030, elle devra procéder à « une accélération forte de la tendance actuelle ». Pire, plus de 40 % de ses déchets (249 kilogrammes par habitant) ne sont toujours pas triés, « alors que 80 % des ordures ménagères résiduelles, [à savoir celles non placées dans les poubelles de recyclage], (...) pourraient faire l’objet d’une valorisation », pointe le rapport.

Lire aussi : Trop de déchets ? Certaines communes ont la solution

Parmi les autres points problématiques : le suivi de la collecte et de la valorisation, le recyclage, ou encore la pédagogie. Selon Les Échos, en 2018, le taux de recyclage des déchets municipaux restait trop faible, à 44 % alors que l’objectif pour 2020 était de 55 %. À titre de comparaison, la moyenne européenne se situe à 47 % et même 67 % pour l’Allemagne. De plus, la Cour des comptes souligne que le suivi de la collecte et de la valorisation reste défaillant et peu compréhensible et souligne que la prévention ne se concentre que sur les actions de communication (faisant fi d’autres mesures efficaces, comme la lutte contre le gaspillage alimentaire, le tri des biodéchets à la source par exemple).

Différence entre les objectifs de production de déchets ménagers par habitant en France depuis 2009 (en kilos) et les volumes constatés. Cour des comptes, d’après données SINOE

La Cour des Comptes émet une série de neuf recommandations, réparties en deux orientations principales : améliorer la lisibilité des résultats et renforcer les incitations financières. Elle recommande ainsi « la mise en place d’une tarification incitative » (plus les déchets sont volumineux, plus le tarif de leur retrait augmente). Une tarification qui pourrait s’accompagner d’une aide de l’État de 80 % pour le lancement. En 2019, seuls 6 millions de Français étaient concernés, alors qu’il était prévu la mise en place de ce système pour 15 millions de personnes en 2020 et 25 millions en 2025. Et pourtant, « 100 % des intercommunalités qui produisent moins de 100 kilogrammes d’ordures ménagères résiduelles par habitant ont recours à ce type d’incitation ».