Alors que le gouvernement repousse l’instauration d’un chèque alimentaire, l’agronome Mathieu Dalmais défend la création d’une Sécurité sociale de l’alimentation, qui seule permettrait de garantir l’accès au droit fondamental de se nourrir.
Promesse du candidat Macron, l’instauration d’un chèque alimentaire visant à permettre aux personnes en situation de précarité l’accès à une alimentation durable n’est toujours pas effective. Différents travaux ministériels se sont penchés sur la question, sans réussir à construire un dispositif adéquat.
Et on ne peut que regretter le manque de concertation avec les acteurs engagés dans la transformation de notre système de production et contre la précarité alimentaire, comme le révèle cette tribune. Pourtant, l’inflation court, la planète se réchauffe. L’accès à une alimentation durable relève tout autant d’une urgence climatique et écologique que d’une urgence de justice sociale et sanitaire. Même dans ses versions les plus édulcorées, dans lesquelles il est à peine fait mention de flécher l’utilisation de ce chèque vers des produits durables, celui-ci constituait une avancée majeure dans la façon de traiter la précarité alimentaire en France : donner aux plus démunis la possibilité de choisir, une partie au moins, de leur alimentation. Cela marquait un frein dans le recours à un dispositif, l’aide alimentaire, dont les effets néfastes ne sont plus à démontrer – humiliation, de frustration, ou culpabilité des bénéficiaires. Cela aurait atténué les violences alimentaires en place dans un pays qui refuse d’instaurer le droit à l’alimentation et laisse le complexe agro-industriel récupérer l’aide alimentaire.