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« Tanuro est parfaitement conscient du fait que la catastrophe a déjà commencé et risque de se transformer, d’ici quelques décennies, en cataclysme. Mais il refuse les postures fatalistes et le pessimisme passif de celleux qui proclament qu’il est trop tard et que le « collapse » est inévitable ; d’où le titre ». Michael Löwy dans une courte préface discute du juste titre de l’ouvrage « Trop tard pour être pessimistes ! », des échecs des conférences climatiques internationales, de solutions à la crise écologique, « une alternative à la course vers l’abîme du changement climatique, sont-elles possible sans « changer de système », c’est-à-dire sans affronter le capitalisme ? », du système d’organisation et de hiérarchisation sociale, des limites de propositions partielles d’alternatives telle le Green New Deal, de changement de « paradigme civilisationnel », de « planification écologique démocratique ». Il conclut : « Son livre est avant tout un appel urgent à l’action, une action collective radicale, c’est-à-dire capable de s’attaquer aux racines du mal : la civilisation capitaliste industrielle moderne. »
« Des hôpitaux débordés, des personnels épuisés, sous-équipés, des morgues bondées. Des malades sacrifié·es, des femmes confinées avec leur bourreau, des prisonnier/ères bouclé·es dans leur cellule, des personnes âgées claquemurées dans les maisons de retraite. Des millions de précaires abandonné·es, quasiment sans ressource, des millions d’employé·es confiné·es en télétravail dans des logements trop petits et des millions d’ouvrier/ères contraint·es de se mettre en danger parce que, sans travail humain, les machines « intelligentes » ne sont que des objets inertes. Partout la peur, la peur de la mort. Mais la situation est infiniment plus grave aux marches de l’Empire. Migrant·es rejeté·es comme des chiens ou parqué·es comme du bétail, Palestinien·nes enfermé·es dans leur ghetto, sans médicaments, et quelque trois milliards et demi de pauvres qu’aucun système de santé digne de ce nom ne peut protéger, alors qu’il y a tant d’argent accumulé ! ». Dans son avant-propos, (datant du 4 avril 2020) – L’avertissement du virus –daniel-tanuro-avant-propos-a-son-livre-trop-tard-pour-etre-pessimiste/, publié avec l’aimable autorisation de M éditeur, Daniel Tanuro aborde, entre autres, la crise engendrée par le Coronavirus, l’avenir devenu soudain opaque, le « saut qualitatif de la maladie qui ronge les sociétés humaines », les indicateurs abstraits de l’accumulation des profits et le concret de la maladie et de la guérison…
L’auteur souligne le caractère moderne de l’émergence et de la diffusion du virus. Il revient sur les prédécesseurs du SRAS-CoV2 et le franchissement de la barrière des espèces, « Parce que la distance entre les animaux porteurs et Homo sapiens est affaiblie du fait des pratiques de l’extractivisme et du productivisme : élimination des écosystèmes naturels, déforestation, orpaillage, industrie de la viande, monocultures et commerce des espèces sauvages », les nouveaux agents pathogènes, l’oubli des risques des zoonoses dans « le programme de recherche international « géosphère-biosphère » (IGBP) »…
Daniel Tanuro montre la surdité et l’aveuglement des gouvernements. Il discute du refus de l’anticipation et de l’abandon des recherches, « Parce que la recherche publique est de plus en plus soumise aux objectifs de rentabilité à court terme du privé. En particulier de l’industrie pharmaceutique, dont le but n’est pas la santé publique, mais le profit, par la vente de médicaments sur le marché à des malades solvables », de la doxa néolibérale, « la science sert à intensifier l’exploitation des êtres et des choses, pas à souligner les limites de celle-ci », de l’« économie » comme vache sacrée, de darwinisme social, de la gestion de la crise sanitaire comme « gestion de classe, taillée sur mesure pour les intérêts du capital », du « Chacun pour soi et le marché pour toustes ». Il ajoute : « La crise du coronavirus confirme ainsi la règle historique qui veut que la classe dominante, en période de crise aiguë, n’ait qu’un seul outil vraiment fiable : l’appareil d’État autour duquel elle s’est constituée historiquement »…
L’auteur revient sur l’asymétrie des responsabilités, « l’injustice coloniale n’a pas fini de peser sur les peuples du Sud global. Ils ne portent pas plus de responsabilités dans la pandémie que dans le changement climatique, mais les gouvernements du Nord n’en ont cure. Or, le confinement est impossible pour plus de la moitié de l’humanité, qui se débrouille au jour le jour sans filet social de sécurité », le « Le triomphe de la mort », les 750 millions de personnes qui n’ont pas accès à l’eau potable, la désignation de boucs émissaires, « Pour détourner l’attention de leur responsabilité, iels exciteront le nationalisme, le racisme, le machisme et désigneront des boucs émissaires », le recours au nucléaire, et à la géo-ingénierie, « ou à d’autres technologies dangereuses pour l’humanité – mais intéressantes pour le capital », l’imposition de réglementation aux populations et de surveillance « par des technologies intrusives »…
« Trop tard pour être pessimistes ! » ou « L’heure des choix, c’est maintenant ». Daniel Tanuro développe autour des mesures nécessaires afin de rester sous une hausse de la température de 1,5°C, « Dans les pays dits « développés » et « émergents », les réductions d’émissions doivent commencer tout de suite et être très drastiques », des résistances et des soulèvements populaires à travers le monde, du mouvement mondial de la jeunesse, du refus « de transformer le respect des consignes sanitaires en unité nationale autour du capital. Nous sommes toustes sur le même océan, oui, mais pas sur le même bateau : une minorité se prélasse sur des yachts, tandis que la majorité souque dans des barquettes ou dérive sur des radeaux de fortune », de réponse globale, « La première crise de l’Anthropocène exige une réponse globale – économique, sociale, écologique, féministe et décoloniale – à la hauteur du défi. Osons exiger ce qui est impossible dans le cadre capitaliste : le pain et les roses, une vie de qualité et un environnement sain, la satisfaction des besoins humains réels, démocratiquement déterminés, dans le respect prudent de la beauté du monde »…
Il convient d’en finir avec « l’absurde système productiviste qui « épuise les deux seules sources de toute richesse », la Terre et le travail humain », de changer de civilisation et non seulement de régime d’accumulation, « La pandémie nous suggère un objectif plus ambitieux : déconstruire la Machine. Changeons de paradigme et les cavaliers de l’Apocalypse disparaîtront comme Nosferatu aux premiers rayons du soleil », d’opposer « le paradigme du « Prendre soin » au paradigme de la production, celui de la vie à celui de la mort, celui des richesses concrètes à celui de la valeur abstraite symbolisée par l’argent, étendons cette logique aux rapports entre humains et non humains ». Pour l’auteur, « La préoccupation pour le soin, en effet, est immédiatement sociale et écologique à la fois », l’enjeu du caractère social des enjeux environnementaux relève de l’immédiat, la question du soin « comme finalité du travail et du temps qui y est consacré » est un enjeu majeur de l’après-pandémie…
« L’ouvrage est divisé en cinq chapitres. Le premier dresse un état des lieux de la crise écologique et discute brièvement la notion d’Anthropocène. Le deuxième montre que l’accord de Paris pour une stabilisation du réchauffement au-dessous de 1,5°C est sous-tendu par un projet délirant : le « dépassement temporaire » du seuil de dangerosité compensé par le déploiement ultérieur de technologies censées refroidir le globe. Le troisième examine les biais idéologiques de la recherche scientifique, les présupposés de la modélisation mathématique du climat, et ceux de certains spécialistes de la conservation des espèces. Le quatrième revient sur les raisons fondamentales de l’incompatibilité entre capitalisme et écologie, discute sur cette base les positions de diverses variantes de l’écologie politique et rend un hommage critique à « l’écologie de Marx ». Le cinquième est consacré à l’alternative écosocialiste en termes de vision du monde, de programme et de stratégie pour combler le gouffre entre la radicalité si nécessaire et les niveaux de conscience actuels. ».
J’ajoute, pour mes ami·es, toujours sous la dictature masculiniste du soi-disant masculin générique, Ce livre est, comme le précédent, rédigé en écriture inclusive. Je souhaite ainsi marquer mon soutien à la lutte féministe. La règle qui veut que « le masculin l’emporte » n’est pas inscrite dans une science académique intouchable, mais dans des rapports d’oppression que la grammaire contribue à reproduire, ce que je conteste avec d’autres en appliquant les règles suivantes :
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Le point médian est utilisé lors de l’insertion d’une ou de quelques lettres dans la démasculinisation d’un terme (candidat·e, citoyen·ne ; au pluriel : candidat·es, citoyen·nes).
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Une barre oblique est employée lorsque le suffixe est variable selon le genre (lecteur/trice, chercheur/euse ; au pluriel : lecteur/trices, chercheur/euses).
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On a recours à diverses contractions : toustes pour toutes et tous, iel pour il et elle (pluriel : iels), celleux pour celles et ceux, elleux pour elles et eux.