Par Sophie Chapelle

Les annonces du ministère de l’Agriculture en matière de pesticides, notamment sur le S-métolachlore, vont dans le sens des revendications du syndicat agricole majoritaire. Ce dernier mène un lobbying intense contre toute forme d’interdiction.

La « cogestion » de la politique agricole se poursuit entre le ministère de l’Agriculture et la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles). Dernière illustration le 30 mars : le jour même de la présentation du « plan Eau » du gouvernement, Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, annonce au congrès annuel de la FNSEA vouloir revenir sur la procédure d’interdiction du S-métolachlore. Cet herbicide est pourtant responsable d’une vaste contamination des nappes phréatiques et est considéré comme « très toxique » pour le milieu aquatique par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).

Celle-ci est d’ailleurs dans la ligne de mire du ministre. Le 15 février, l’agence a annoncé engager une procédure de retrait des principaux usages des produits phytopharmaceutiques contenant la substance active S-métolachlore, afin de « préserver la qualité des ressources en eau ». Malgré la pression du ministre de l’Agriculture, l’Anses a confirmé l’interdiction ce jeudi 20 avril, en signant un avis définitif [1].

 

En demandant à l’Anses « une réévaluation de sa décision sur le S-métolachlore », Marc Fesneau s’attaque à l’indépendance de l’agence. Celle-ci est en effet en charge de l’évaluation des risques et de l’autorisation des pesticides depuis 2014 [2]. Pour justifier sa remise en cause de l’expertise de l’Anses, le ministre explique que cette décision « n’est pas alignée sur le calendrier européen », qu’elle induit une distorsion de concurrence, et est prise « sans alternatives crédibles ». Face aux critiques, il persiste dans une tribune publiée le 1er avril sur son compte Twitter. En creux se profile un lobbying intense mené ces dernières semaines par le syndicat agricole majoritaire qui n’envisage pas un modèle agricole sans pesticides de synthèse, malgré les ravages que ceux-ci produisent sur l’environnement et la santé humaine.

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