TRIBUNE. En exclusivité sur Politis, plusieurs associations du mouvement écologiste publient une tribune qui pose la question : le simple fait de désobéir au pouvoir pour défendre des conditions de vie dignes sur Terre serait-il en passe d’être considéré par essence criminel pour le gouvernement Macron ?

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Peut-on encore désobéir ?

Manifestation lors de l'AG de TotalEnergies, le 26 mai 2023 à Paris.
© Clémentine Mariuzzo

 

Face à l’escalade de la répression policière et judiciaire contre les défenseurs et défenseuses du climat, incarnée par la récente dissolution des Soulèvements de la Terre ou encore la violence exercée contre les militant·es lors du blocage de l’Assemblée générale de TotalEnergies fin mai 2023, nous condamnons fermement les tentatives d’intimidation contre les citoyen·es usant de leur droit à la liberté d’expression et d’association. Et nous posons clairement la question : qui le gouvernement protège-t-il ? Et de quel côté se situe réellement la violence ?

Le vendredi 26 mai, les sommations sont proférées. En face des mains en l’air, symbole de la non-violence, ce sont des coups de matraques, des boucliers dans les côtes, des grenades lacrymogènes envoyées sur les manifestant·es venu·es dénoncer la responsabilité de TotalEnergies dans la crise climatique et sociale. À leurs côtés, ce sont également des journalistes qui sont malmené·es, traîné·es au sol par les forces de l’ordre ou subissant des dégradations de matériel en voulant couvrir l’événement, au mépris de la liberté de la presse. Onze personnes victimes d’une violence disproportionnée de la part de la police, des actionnaires ou des services de sécurité privée, ont depuis déposé plainte.

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En parfaite incohérence avec les propos de façade de la Première ministre qui déclare que les activistes sont « dans leur rôle d’alerter », l’activisme est au mieux dénigré, au pire criminalisé : « écoterroristes » dans la bouche du ministre de l’Intérieur« imbéciles » dans la bouche des actionnaires. Celles et ceux qui contestent doivent être neutralisé·es – en témoigne encore la violence à l’encontre des opposant·es aux mégabassines, courant mars, et les récentes descentes de la brigade antiterroriste aux domiciles d’activistes. Pourtant, jusqu’à présent dans un État de droit, l’expression de la contestation politique, même sous la forme de la désobéissance civile, bénéficie de garanties et de protection. Face aux tentatives de dérives autoritaires, Michel Forst, rapporteur spécial de l’ONU sur les défenseurs de l’environnement, dénonçait auprès de Libération le 31 mai « une dérive vis-à-vis du droit international » et « une méconnaissance des textes internationaux qui légitiment la désobéissance civile ».

L’enjeu ici n’est pas uniquement le réchauffement climatique, mais aussi la protection de nos libertés publiques.

Les techniques de violences utilisées par la police et les services de sécurité privés sur les activistes ne sont pas nouvelles, et le fléau des violences policières et de l’usage de certaines armes dangereuses a touché de nombreuses populations avant d’infiltrer la répression des mouvements politiques. Elles ont été généralisées dans les quartiers populaires, les territoires ultra-marins et aux frontières. Ces personnes subissent la violence de la police de manière routinière, et encore plus lorsqu’elles revendiquent une contestation dans la sphère publique.

La répression d’État s’est cependant massivement étendue aux mouvements sociaux depuis le premier quinquennat d’Emmanuel Macron. Ainsi les violences ont déferlé sur les Gilets Jaunes, dont certain·es ont laissé une partie de leur corps ou de leur intégrité psychique, arrachée par la violence des forces de l’ordre, mais aussi sur les opposant·es à la récente réforme des retraites. La violence à l’encontre des citoyens et citoyennes qui protestent est le symptôme d’un gouvernement qui supporte de moins en moins la contestation, aussi non-violente soit-elle. L’enjeu ici n’est pas uniquement le réchauffement climatique, mais aussi la protection de nos libertés publiques.