Par Alexandra Schwartzbrod, du journal Libération, à lire ICI.
Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, veut faciliter la régularisation d’un demi-million d’étrangers pour faire face à la demande de main-d’œuvre. A rebours des projets du gouvernement français.
Alors que le gouvernement français s’apprête à plancher sur une énième loi immigration, visant à resserrer un peu plus encore les conditions d’immigration dans l’Hexagone à la seule fin de satisfaire les électorats de droite et d’extrême droite, le Premier ministre espagnol montre, lui, qu’une autre politique est possible en matière d’accueil des étrangers. Et il n’y a là rien d’angélique. Le socialiste Pedro Sánchez a simplement compris que si l’Espagne veut continuer sur sa lancée d’une croissance forte (+ 2,9 %, une des plus fortes de l’UE), il n’a d’autre choix que de faciliter les démarches pour obtenir un permis de résidence et de travail. Et légaliser un demi-million de sans-papiers à la faveur d’une «régularisation extraordinaire» qui a été approuvée du bout des lèvres par la droite du Parti populaire (seul Vox, le parti d’extrême droite, l’a rejetée).
Autant de mesures qui devraient permettre, dans un pays menacé de vieillissement, de créer 1,5 million d’emplois supplémentaires d’ici à 2026. Voilà qui a de quoi faire rêver alors que le ministre de l’Intérieur, en France, est parti en croisade contre les immigrants. Bruno Retailleau, qui attend son heure depuis longtemps, s’est soudain retrouvé, à la faveur de la dissolution et d’un gouvernement composé tel un jeu de bonneteau, à la tête d’un ministère régalien et il entend bien s’en servir comme tremplin. Quoi de mieux, dans ces conditions, que de surfer sur la peur de l’étranger répandue par une extrême droite qui représente le tiers de l’électorat en France ? C’est ainsi qu’on l’a vu la semaine dernière à la frontière italienne auprès de ministres d’un gouvernement Meloni qui n’envisage rien moins que de transférer des immigrants dans des centres de rétention en Albanie.