Une question que nous soulevons depuis longtemps, et déjà en proposant de rénover plutôt que détruire et reconstruire.

Par Dominique Gauzin-Müller, à lire en entier en cliquant ICI.

 

Face à un secteur du BTP qui émet 40 % des émissions de gaz à effet de serre, Dominique Gauzin-Müller, architecte-chercheuse, plaide pour une « frugalité heureuse et créative » moins vorace en sol, matériaux et énergie.

Le secteur du bâtiment produit environ 40 % des déchets et des émissions de gaz à effet de serre tout en consommant 60 % des ressources. Un changement radical s’impose. C’est ce que défend le « Manifeste pour une frugalité heureuse et créative dans l’architecture et l’aménagement des territoires urbains et ruraux », que j’ai lancé en janvier 2018 avec l’ingénieur Alain Bornarel et l’architecte et urbaniste Philippe Madec. Ce manifeste a déjà rassemblé plus de 15 000 signataires de 90 pays. Ce sont en majorité des professionnels du bâtiment, mais près d’un quart n’appartiennent pas au secteur du BTP.

La frugalité est la juste utilisation des fruits de la terre. Nous la voyons heureuse, parce qu’elle est basée sur un élan généreux envers les autres, et créative, parce qu’elle nous oblige à prendre d’autres chemins, moins égoïstes et moins gaspilleurs. Si les plus riches habitants des pays industrialisés consomment moins de ressources, les populations moins favorisées pourront en profiter et les générations futures en disposer plus longtemps. Nous défendons ainsi une justice sociale.

Le mouvement de la frugalité heureuse et créative se fonde à la fois sur la réduction de ce qui est matériel (sol, énergie, matières premières) et sur l’essor de relations humaines bienveillantes autour d’un projet commun. L’objectif est une architecture plus respectueuse des ressources naturelles, qui transforme l’existant avant de construire du neuf, qui valorise les matériaux renouvelables et les savoir-faire locaux, qui privilégie des solutions techniques robustes et propose un équilibre entre tradition et modernité.